Barack Hussein OBAMA et le Bénin

Kodjo Dajdaglo, Barack Obama et le Bénin: (Par Roger Gbégnonvi) Convertir en PDF Version imprimable Email
Écrit par Sonangnon du 24/11/2008   

Il a frappé à la porte. On lui a ouvert. Il est entré et s’est assis dans le fauteuil à lui offert. La scène est fréquente. Visite impromptue. Aujourd’hui, c’est Kodjo Dadjaglo. Il énonce lui aussi que ‘‘ça fait très longtemps’’ qu’il voulait vous voir. Voilà bientôt vingt ans que les programmes d’ajustement structurel l’ont sorti de la liste des agents permanents de l’Etat et qu’il vit vaille que vaille de petits boulots. Il a cinquante-cinq ans. Le terrain sur lequel il s’est construit une bicoque fait depuis des années l’objet d’un litige auquel il ne comprend rien. L’affaire traîne en longueur devant les tribunaux. Mais ce n’est pas de ces choses de la vie qu’il est venu vous entretenir.

Si Kodjo Dadjaglo est devant vous ce matin, c’est pour attirer votre attention sur le fait que, au commencement était le Bénin… Oui, tout à fait ! Et c’est ce qu’il va vous démontrer. D’ailleurs pas besoin de démonstration, puisque le statut du Bénin en tant que premier de cordée a été confirmé récemment par l’avènement de Barack Obama… Oui, tout à fait ! Qu’il vous souvienne, doyen : nous avons été les premiers à initier le changement politique à travers le renouvellement du personnel politique. La métropole – oui la France – a trouvé l’idée bonne, nous l’a prise et l’a concrétisée aussitôt en portant à sa tête un Hongrois. Voilà pourquoi Sarkozy travaille dur avec tout le monde pour se montrer digne de la confiance de la France. Et maintenant, ce sont les Etats-Unis eux-mêmes qui nous prennent notre idée et la concrétisent mieux encore que la France. Et vous allez voir, doyen : le Kenyan Barack Obama travaillera pour que le monde aime les Etats-Unis d’Amérique. Et nous-mêmes, inventeurs de l’idée, nous qui sommes allés chercher le héraut du changement en dehors de la classe politique, on est où là maintenant ? Nous trouvons les solutions idoines à nos maux, et ce sont les autres qui les appliquent à leurs maux. Et nous, on fait quoi ? Du gaspi ? Doyen, je vais vous dire quelque chose : il n’y aura pas le plus petit changement au Bénin tant que la justice béninoise restera adossée à la nuit, assise sur des coupures de la BCEAO. L’on a beau avoir relevé sensiblement leurs salaires, nos magistrats continuent d’oublier d’être maîtres pour n’être que les serviteurs de la justice du plus offrant. J’ai des preuves de ce que je dis, et je vais vous les apporter si ça vous intéresse ; elles m’ont été fournies par mon affaire de litige domanial pendante devant le tribunal. Et puis, doyen, je vais vous dire encore quelque chose : il n’y aura pas le plus petit changement au Bénin tant que le Président de la République sera obligé de penser à son lendemain… Oui, c’est ça : à sa réélection. Pour le délivrer de ce boulet, nous lui offrirons désormais un mandat unique de sept ans. Non renouvelable, évidemment. Nous devons toucher à la constitution – oui, tout à fait ! – pour permettre au Chef de l’Etat de se consacrer entièrement aux tâches de changement et de développement du Bénin. S’y consacrer sans avoir souci de son lendemain… Oui, c’est ça !

Kodjo Dadjaglo ignore la catastrophe financière et économique dont a hérité Barack Obama et à laquelle doivent faire face aussi tous autres hérauts du changement, qu’ils s’appellent Yayi ou Sarkozy. Il ignore de même les froncements de sourcils dudit doyen. Peu lui chaut que son interlocuteur s’étonne ou ne comprenne pas très bien son discours. Kodjo Dadjaglo a un message et entend qu’il soit entendu : le Bénin ne doit plus se contenter d’indiquer la marche à suivre et rester lui-même à la traîne, il faut qu’il emboîte le pas à l’humanité marchante.

Le discours de Kodjo Dadjaglo est peut-être celui d’un écorché vif ou d’un homme exacerbé ou d’un patriote profondément meurtri, il n’est certainement pas celui d’un fou. On peut donc en penser du bien au sens de lui trouver quelque intérêt. Dans son désarroi patriotique, Kodjo aura peut-être un peu vite oublié la joute victorieuse de ‘‘Touche pas ma Constitution !’’ Mais si au commencement était le Bénin, comme il le prétend, c’est qu’il se trouve toujours des Béninois qui n’en ratent pas une, quitte à se dire les vrais inspirateurs des Américains, côté Barack Obama.



20/01/2009
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