Un BANQUIER POLITIQUE: se mélange -t- il les pinceaux?

  Perspective d’une majorité plurielle autour du chef de l’Etat :Les risques d’un casse-tête pour Yayi Boni 20 février 2009
Le président Yayi Boni a, le dimanche passé, face aux élus locaux, députés et ministres des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), affirmé sa volonté de composer désormais avec une majorité plurielle au-delà de sa base originelle. Une perspective qui risque de reléguer un certain nombre de ses vieux partisans au second rang avant l’échéance de 2011 avec ce que cela comporte comme conséquences.

Le président Yayi Boni donne l’impression d’être embrouillé et s’enfonce un peu plus. Sa dernière rencontre avec sa majorité n’est rien d’autre qu’une réplique aux nouvelles contraintes politiques que sont la candidature de Abdoulaye Bio Tchané, le resserrement des liens entre certains ténors du G 4, G 13 et de Force Clé. Du coup, il annonce vouloir composer avec une majorité plurielle avec les conséquences préjudiciables pour le changement qui n’avait déjà pas de boussole sur les plans politique, stratégique et de la gestion de ses Hommes. Car, le président Yayi Boni risque d’être confronté à des remaniements à n’en point finir. Or, il ferait mieux de gérer les affres de la pléthore de ministres de l’actuel gouvernement. Mais il voit les choses autrement. Le premier dégât évident, c’est qu’il y aura des adversités qui viendront de son propre camp pour renforcer l’opposition qui ne se déclarera jamais sous son régime, parce qu’il est constamment dans la logique de déshabiller chaque fois l’un pour habiller l’autre, sans jamais résoudre les problèmes qui s’imposent à lui. Probablement, et jusqu’en 2011, il se fera hara-kiri. En réalité, la situation actuelle telle que voulue par le premier magistrat et suffisamment évoquée lors de la messe du dimanche passé, n’aura pas vraiment été serviable pour lui, à cause de ses intentions de vouloir bien faire sans tenir compte de la réalité sensible de l’environnement politique béninois qui a joué contre lui et ne lui a pas permis de trouver réellement les solutions qu’il convient à la situation politique critique actuelle. Dans la salle rouge du Palais des Congrès de Cotonou, on acclamait, on rigolait, on croyait avoir vaincu la fatalité, on chantait même l’hymne national pour plaire au président Yayi Boni qui avait cru avoir réussi le pari. Mais le ver est resté entièrement dans le fruit. Et le président Yayi devra batailler contre des dinosaures de la classe politique nationale qui ne démordent pas et guettent toutes les occasions pour se faire entendre.

Une bataille perdue d’avance

On peut déjà dire que la séance du dimanche dernier est un plus qui n’a pas permis d’avancer au sein de cette mouvance à la limite incontrôlée. Et les intérêts des partis semblent bien divergents et obligent d’autres mis au point. C’est d’ailleurs à ce niveau que la gestion de la nouvelle trouvaille sera assez difficile au premier magistrat. Il va falloir gérer d’abord avec succès les militants de première heure des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) avant de trouver une place pour les nouveaux venus. Ce qui ne sera pas évident. Pour la gestion des premiers, les complications sont telles que le président Yayi Boni ne pourra jamais s’en sortir, la tête haute. Le général Mathieu Kérékou en avait une haute idée avec l’Union pour un Bénin du futur (Ubf). Si l’occasion s’offre à lui pour recommencer, il n’osera pas. Parce que c’est avec cette Ubf qu’il a eu tous les ennuis de sa vie. Alors qu’il croyait profiter de cette plate-forme à l’Assemblée nationale pour réviser la constitution du 11 décembre 1990, les données se sont compliquées et il est passé par la petite porte pour se reposer tranquillement. Parce qu’il y avait tellement de militants et de courtisans à satisfaire au même moment pour une pauvre marmite. Il a dû préférer certains au grand nombre, et a fini par se crucifier. Le président Nicéphore Dieudonné Soglo a été confronté à la même situation avec la Renaissance du Bénin (Rb) chichement gardée jusque-là par Rosine Vieyra Soglo. L’histoire a montré que les groupes politiques qui se créent autour d’un leader au pouvoir, ne donnent souvent rien de sérieux pour l’avenir. C’est ce que le président Yayi Boni semble totalement ignorer en continuant dans sa logique. Aujourd’hui, il a déjà trop de mal à organiser ses poulains au sein des Fcbe et la tension qui monte dans tous les sens ne sera pas facile à contrôler d’ici à 2011. Les mécontents sont déjà nombreux en seulement un peu plus de deux ans de mandature. Pis, les chefs limogés sont allés grossir le rang des forces politiques de l’opposition. Il suffit de se rappeler rien que de l’ex ministre de la Santé publique Kessilé Tchalla pour se rendre à l’évidence. A celui-ci, il faut ajouter Wallis Zoumarou et bien d’autres. Alors qu’il y a encore des ténors du changement qui seront limogés pour que les nouveaux alliés puissent être casés. C’est à cette alternative que ceux qu’on appelle pompeusement les militants des Forces agissantes pour le changement (Fac) peuvent espérer une suite favorable à leur soutien à l’action gouvernementale, sous un changement qui a trop de bouches à nourrir face à une marmite pratiquement vide. Une majorité plurielle dans ce sens manque de solidité pour un pouvoir déjà en campagne pour 2011. C’est plutôt une confusion qui se pointe à l’horizon et pourrait même tout foutre en l’air, tant il sera impossible de servir tout le monde. Le premier problème qui risque de compliquer l’existence au président Yayi Boni se trouve dans ses tractations actuelles avec ses anciens amis de la Renaissance du Bénin. Comme on n’est pas à la dernière formation du gouvernement avant 2011, le président Yayi Boni pourrait être confronté à d’autres difficultés et serait obligé de faire-débarquer les potentiels ministres de la Rb à l’autre carrefour. Surtout qu’il semble déjà être hanté par 2011 et commet assez d’erreurs dans ses tentatives pour y parvenir. A ce niveau, il aura à dos ceux-là comme c’est actuellement le cas avec son ancien collaborateur Kessila Tchalla. Et c’est sans compter avec les ambitions de ses nouveaux partenaires du Fac qui n’ont rien à lui apporter. Quand il finira par ouvrir les yeux et sera décidé à agir, il aura encore tout ce monde à dos. C’est à ce titre que la nouvelle formule d’élargir la mouvance n’arrange rien pour lui. Cette formule ne peut même pas lui être recommandable parce qu’il ne gère pas bien sa mouvance actuelle.



21/02/2009
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